La Croix St Hubert remise en place !
Des travaux de voirie réalisés il y a une dizaine d’années à l’intersection des départementales D943 (vers Montargis) et D 16 (vers Charny) ont nécessité à l’époque l’enlèvement de la croix St Hubert. Bien conservée pendant ces nombreuses années, cette belle croix de 3 mètres a bénéficié d’un coup de peinture avant d’être remise en place par l’association Patrimoine & Partage !
Le triste destin d’une enfant de Sépeaux, Lucie Patrat
Cinq décembre 1872, le calme règne dans la rue de Saint-Romain, rythmé par le clapotis du Vrin qui s’écoule du bief. Ce silence est interrompu à 3 heures du matin par les cris de l’enfant que Victorine Cretté, âgée de 30 ans, met au monde dans le moulin de Saint-Romain. Le meunier Eugène Patrat se rend à 16 heures à la mairie de Sépeaux pour déclarer la naissance de Lucie, sa seconde fille qui sera baptisée dans l’église Saint Martin de Sépeaux. Lucie grandit auprès de sa sœur aînée Julie Eugénie et toutes deux n’ont que la rue à traverser pour s’asseoir sur les bancs de l’école de Saint-Romain-le-Preux.
Le destin de Lucie ne sera malheureusement pas aussi serein que ces premières années passées dans l’Yonne. Courageuse et honnête, son chemin croisera ceux d’individus moins intègres….
Cliquez pour découvrir le triste destin de Lucie Patrat – P & P 2020
Un graffiti dans l’église de Saint-Romain-le-Preux. Qui est l’auteur ?
Sur les murs de toutes les églises, des graffitis ont été gravés au fil du temps, permettant aux auteurs de laisser une trace de leur existence. Il en est un, dans l’église de Saint-Romain, depuis près de 280 ans, protégé de la vicissitude du temps par son emplacement, parfaitement visible dans une pierre de l’encadrement de la porte de la sacristie. L’auteur de l’inscription a simplement gravé : « PINEAU 1743 ».
Les premiers éléments de l’enquête
Qui est l’auteur de ce graffiti ? Le patronyme et la date semblent avoir été gravés à la même époque mais comment s’en assurer ?
Dans un premier temps, comparons la graphologie des lettres et chiffres avec celles de l’époque… ce qui semble cohérent avec l’écriture du XVIIIe siècle. Puis, partons du postulat que ce « PINEAU » était présent à Saint-Romain-le-Preux en cette année 1743, qu’il sait probablement lire et écrire, et que le choix de l’emplacement de la gravure révèle sans doute un lieu familier pour son auteur.
Dans un deuxième temps, reprenons un travail antérieur effectué sur les prêtres ayant officié dans la paroisse de Saint-Romain pour y rechercher un éventuel « Pineau ». Aucun prêtre portant ce patronyme n’est noté, le curé de la paroisse à cette époque, et depuis 1726, est Louis Ferrand. Consultons alors les registres paroissiaux de Saint-Romain, disponibles sur le site internet des Archives Départementales de l’Yonne : Jean-Baptiste Edme Pineau est retrouvé sur un acte de baptême en 1743 en qualité de parrain, acte signé par lui-même. En parcourant les registres sur une période plus longue de 1736 à 1743, nous retrouvons la signature de « Pineau » sur plusieurs actes, apposée à côté de celle de Louis Ferrand, curé de Saint-Romain.
Qui est donc ce Jean-Baptiste-Edme PINEAU ?
Orientons-nous vers le site de la société généalogique de l’Yonne pour effectuer quelques recherches sur l’auteur présumé du graffiti. Les relevés de mariages vont donner des informations précieuses sur l’ascendance de Jean-Baptiste Edme Pineau : il est le fils de Louis Pineau et de Savinienne Potentiène Ferrand – sa mère porte donc le même patronyme que le curé de Saint-Romain -. L’union de Pineau avec Catherine Girardot est retrouvée à la date du 20 février 1753, en la paroisse Sainte-Croix de Sens. La signature de l’acte de mariage est similaire à celle retrouvée sur les registres paroissiaux de Saint Romain.
Pour cette union en 1753, Pineau devait obtenir le consentement du curé de la paroisse où il demeurait, à Lourps, en Seine-et-Marne. Ce curé se nommait Ferrand ! est-ce Louis Ferrand, curé de Saint Romain en 1743 ? A-t-il un lien de parenté avec la mère de Pineau, Savinienne Potentiène Ferrand ?
Orientons les recherches vers ce Ferrand, curé à Lourps : sa signature est clairement identifiée sur les registres paroissiaux de Lourps (disponibles sur le site des archives départementales de Seine-et-Marne) à partir de l’année 1744, mais, élément singulier, la signature de Jean-Baptiste Edme Pineau est également présente sur ces mêmes registres pendant les mêmes années. Nul doute que ces deux là se connaissaient pour avoir vécu d’abord à Saint-Romain à la même époque, puis à Lourps à partir de 1744. Le mystère du lien qui les unit ne sera levé qu’à la lecture de l’acte de décès du prêtre, le 14 août 1760 dans la paroisse de Lourps, alors âgé de 63 ans, révélant que Jean-Baptiste Edme Pineau était en fait … son neveu !
Jean-Baptiste-Edme Pineau est donc bien l’auteur du graffiti de l’église, inscription qu’il a réalisé à l’âge de 22 ans, en 1743, marquant ainsi son départ de St Romain où il a vécu plusieurs années avec son oncle curé. A cette date, il est procureur au siège prévostal de Chevillon, fonction qu’il remplit depuis 1741.
Né le 15 février 1721 à Sens, paroisse Sainte-Croix, d’une famille de rôtisseurs de la ville de Sens, Jean-Baptiste Edme Pineau est le second d’une fratrie de huit enfants dont deux prêtres, Savinien et Louis-Edme. Il décède à l’âge de 69 ans, le 11 janvier 1792, dans la paroisse de Paroy, en Seine-et-Marne. Il fût maire de Jutigny et a exercé en tant que greffier et procureur fiscal dans plusieurs communes limitrophes de Lourps.
Un ascendant «Maître rôtisseur »
L’histoire ne dit pas si Pineau a exercé ses talents de « graveur » dans d’autres lieux, ou s’il était aussi original que son ancêtre, maître rôtisseur à Sens de son état, dont l’épitaphe était la suivante :
Ci-gît dans ce tombeau
Un rôtisseur nommé Pineau
Dieu lui donne autant de pardons
Qu’il nous a taillés de lardons
Dominique et Jean-Louis Mutti
Patrimoine & Partage – avril 2020