Il y a 85 ans, le mercredi 15 mai 1940 à 11h50, neuf chasseurs du Groupe de Chasse III/7 décollent du terrain d’aviation de Vitry-le-François pour une mission en Belgique. A leur retour, des avions allemands Messerschmitt en supériorité numérique et technologique foncent sur les avions français. Un combat aérien acharné et inégal s’engage. Seuls quatre avions français regagnent Vitry. Deux pilotes sont abattus : le Lieutenant Costey et le Sergent-Chef René Morlot.
Ce dernier, aux commandes de son Morane MS 406 « Le Vautour », succombe dans son appareil en flammes qui s’écrase sur la commune belge de Somzée. Âgé de 26 ans, René Morlot, qui a vécu à Sépeaux, laisse derrière lui une épouse et une petite fille de six mois. Son corps repose aujourd’hui dans le cimetière de Sépeaux où il a été inhumé en novembre 1949.
Un combat inégal, un courage oublié
C’est deux mois avant la Bataille d’Angleterre que la chasse française s’est battue furieusement dans des conditions d’infériorité numérique écrasante avec un matériel qui accusait une différence en vitesse horizontale d’au moins 100 km/h. Les efforts héroïques des chasseurs français se sont estompés dans les mémoires par le retentissement, largement mérité, de la bataille d’Angleterre. Pourtant, ils ont abattu 919 avions ennemis entre septembre 1939 et juin 1940, pour 306 avions tombés du côté français. Les pertes humaines furent lourdes : 104 tués, 100 disparus et 158 blessés. Chaque décollage était un acte de bravoure, chaque engagement un défi face à la mort. Les pilotes ne pouvaient compter que sur leur habileté et leur courage pour survivre.
Sur la photo ci-dessous datée du 20 février 1940, le Sergent-Chef Morlot est devant son Morane 406 n°177, codé « 7 ». Le 31 mars 1940, il avait réussi à ramener cet appareil criblé de balles à Metz, malgré 4 impacts d’obus et 22 impacts de balles. Autour du disque blanc de l’avion, une inscription en latin résume son engagement : Obsistere et depugnare (« Résister et combattre »). Son sacrifice pour la France, comme celui de tant d’autres, ne doit pas tomber dans l’oubli.

(Photo : René Challe, extraite de «Furies et crocodiles. Morane au combat dans la bataille de France», R. Baudru, 2018)